Films Harry Potter

Retour sur la production des films Harry Potter !

Alors que Les Animaux Fantastiques : Les Crimes de Grindelwald vient de sortir sur nos écrans, l’occasion se présente de revenir sur le succès des films Harry Potter au cinéma. Si la saga littéraire connaissait déjà un petit succès avant la sortie des films, celui de la saga cinématographique entamée en 2001 par les studios Warner n’était pas aussi prévisible qu’il n’y parait. À la fois ambitieux et casse-gueule, le projet des films Harry Potter a réuni plusieurs équipes de réalisateurs, de techniciens et de directeurs photo. Malgré cela, chaque film arrive à rendre justice à l’univers de JK Rowling tout en proposant une vision propre aux cinéastes derrière la caméra. Je voulais revenir sur chacun d’entre eux afin de faire le point sur ce qui a fait le succès des films mettant en scène le petit sorcier à lunettes.

Harry Potter à l’école des Sorciers : des bases solides pour construire un univers !

L’une des anecdotes les plus croustillantes entourant la genèse des films Harry Potter, c’est que Steven Spielberg a longtemps été rattaché au projet d’adaptation des livres de JK Rowling. Or, la condition sine qua non pour voir Spielberg à la réalisation était que Haley Joël Osment joue le rôle de Harry. Osment était alors un enfant star à Hollywood ayant déjà joué le fils de Tom Hanks dans Forrest Gump, et surtout l’enfant qui « voit des gens qui sont morts » aux côtés de Bruce Willis dans Sixième Sens. Avec un palmarès pareil, Spielberg pensait certainement séduire les studios Warner en charge de l’adaptation. Mais c’était sans compter sur JK Rowling qui a imposé une règle d’or à la production des films Harry Potter : les acteurs ne devraient être que britanniques ou irlandais. C’est donc à Daniel Radcliffe que reviendra le rôle de l’apprenti sorcier, avec le succès qu’on lui connaît.

Pourquoi commencer par cette anecdote ? Tout simplement, car elle illustre parfaitement l’implication de JK Rowling dans l’adaptation de ses romans. Rares sont les projets d’adaptation à être aussi chapeautés par leurs auteurs au cinéma. L’exception à cette règle étant certainement l’implication de George R.R. Martin dans l’adaptation du Trône de Fer pour la télévision.

Harry Potter à l'école des Sorciers

JK Rowling a été impliquée dans chaque étape du processus artistique entourant l’adaptation de son livre. De l’esthétique des costumes à celles de blasons, en passant par l’architecture du château, Rowling était partout. Et plus particulièrement au scénario puisqu’elle était la seule personne au monde à avoir une vision globale de son œuvre. En collaboration avec Steve Kloves, scénariste des 8 films Harry Potter, elle a donc appris les spécificités de l’écriture cinématographique et a elle-même validé les coupes des scénarii ; qui omettaient certains passages propres aux livres.

Pour la réalisation, Warner a finalement fait appel à Chris Colombus, un habitué des films familiaux, mais certainement pas le réalisateur avec la patte artistique la plus prononcée. Sa réalisation était assez sommaire et servait essentiellement un récit qui ne demandait qu’à être reçu par le public. Une réussite pour le studio qui peut se féliciter d’avoir rapporté près d’un milliard au box-office mondial, faisant entrer la saga littéraire dans le cœur des cinéphiles.

Harry Potter et la Chambre des Secrets : la saga est sur des rails !

Les studios Warner et le producteur des films Harry Potter, David Heyman, croyaient depuis le début dans le succès de la saga. Tant et si bien que le tournage du deuxième volet, Harry Potter et la Chambre des Secrets, avait déjà commencé lorsque le premier film sortait en salle. Chris Colombus et son équipe ont dû prendre confiance en cours de tournage et cela se ressent, tant dans le scénario que dans la réalisation. L’histoire mise en scène dans la Chambre des Secrets était certes plus effrayante que celle du premier volet, mais c’est à travers sa mise en scène que Chris Colombus arrive à nous la faire ressentir. Ainsi, Colombus montre enfin quelques audaces dans sa réalisation plan-plan avec des matchs de Quidditch bien mieux chorégraphiés et des mouvements de caméra qui servent enfin la narration. L’histoire d’ailleurs est bien plus fluide, et si le premier film donnait l’impression d’un enchainement de scènes essentielles à la présentation de l’univers, le second film présente une véritable intrigue de polar avec ses moments de tensions incontournables.

Harry Potter et la Chambre des Secrets

Si le film est de nouveau un très grand succès critique et public, Chris Colombus, éreinté par deux années consécutives de tournage, décide de quitter le projet et le studio Warner part alors à la recherche d’un nouveau cinéaste…

Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban : Alfonso Cuarón fait sa révolution !

C’est donc Alfonso Cuarón, réalisateur habitué de drames adolescents qui prend les rênes de l’adaptation de Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban. Longtemps pressenti pour la réalisation du film, c’est Guillermo Del Toro lui-même qui a conseillé les studios d’embaucher son collègue compatriote.

Alfonso Cuarón est ainsi le premier réalisateur à imposer sa patte dans l’univers Harry Potter. De la photographie, aux costumes, en passant par la topographie de Poudlard, tout est revu et retravailler pour épouser pleinement l’esprit dark de la saga littéraire de JK Rowling. L’auteur est d’ailleurs plus que jamais impliquée dans le processus créatif puisqu’elle est garante du respect de son œuvre, ainsi que de celui des équipes ayant officié sur les précédents tournages.

Harry Potter et le Prisonier d_Azkaban

Les spectateurs découvrent ainsi un univers plus sombre, plus drôle, mais aussi plus foutraque, à la manière d’un réel teen movie dans l’univers de Harry Potter. Ces choix de réalisation concordent parfaitement avec l’ambiance du troisième tome de la saga littéraire bien plus sérieux et adolescent. Globalement considéré comme le meilleur des films Harry Potter, Le Prisonnier d’Azkaban est certainement celui qui a donné ses lettres de noblesse à la saga cinématographique, jusqu’alors un peu éclipsée par les adaptations du Seigneur des Anneaux par Peter Jackson.

Harry Potter et la Coupe de Feu : magiquement imparfait !

Après le passage express d’Alfonso Cuarón, c’est Mike Newell, réalisateur de Quatre mariages et un enterrement, qui arrive prend en main l’adaptation du quatrième volet de la saga : Harry Potter et la Coupe de Feu.

Mike Newell a une lourde tâche à accomplir : adapter celui qui est considéré comme le meilleur tome de la saga littéraire de JK Rowling. Articulé autour du tournoi des trois sorciers et ses trois tâches, le livre était en effet parfaitement conçu pour une adaptation au cinéma. Le spectateur comme le lecteur est ainsi avide de découvrir la prochaine tâche et la façon dont Harry Potter va se débrouiller pour y survivre. Ce livre marque aussi l’arrivée des Mangemorts et la renaissance de Voldemort, deux aspects très attendus des fans.

harry Potter et la Coupe de Feu

Si le film a plu à beaucoup de spectateurs, je reste de mon côté assez dubitatif sur certains partis pris artistiques du film. D’une part les coupes du livre se sentent beaucoup dans le scénario, et d’autres partent, la réalisation n’a jamais semblé aussi foutraque. Si la réalisation de Cuarón ressemblait à un bordel organisé où le réalisateur guidait les spectateurs là où il le souhaiter, Mike Newell semble avoir plus de mal dans certaines scènes, notamment l’incipit du film et la façon qu’il a de jongler entre rêves et réalité. La scène de la Coupe du Monde de Quidditch et l’irruption des Mangemorts est ainsi trop rapide pour être ressentie comme brutale, et la direction des acteurs n’est pas aussi convaincante qu’auparavant. Mention spéciale pour Roger Lloyd-Pack, interprète de Barty Croupton Sr., qui ne semble pas savoir sur quel jeu se caler et pour Ralph Fiennes, qui s’il interprète un Voldemort plus que convaincant dans les suites, semblent ici monté sur des ressorts tant il cabotine.

Harry Potter et l’Ordre du Phénix : David Yates monte à la barre !

Harry Potter et la Coupe de Feu marquait l’entrée de la saga dans une mouvance plus adulte, et les fans attendaient beaucoup de l’adaptation de sa suite : Harry Potter et l’Ordre du Phénix. Une fois de plus, changement de réalisateur et arrivée de David Yates sur le projet. Le réalisateur, totalement inconnu du grand public et très peu expérimenté au cinéma, ne présageait rien de bon pour la suite de la saga. En effet, car en plus du départ de Mike Newell, Warner a également fait face au départ du directeur photo Roger Pratt, ainsi qu’à celui de Patrick Doyle qui officiait en tant que remplaçant sur le précédent film. Seuls restaient Steve Kloves et David Heyman, les garants de la cohérence narrative et artistique du projet.

L’Ordre du Phénix représentait également un certain défi pour Warner puisqu’il s’agissait ici de condenser un roman de plus de 1000 pages en un film de moins de 2h30. Steve Kloves a donc plus que jamais dû procéder à des coupes dans le scénario, et le travail de découpage du film a dû être plus que colossal !

Harry Potter et l'Ordre du Phénix

Côté réception, le film est encore une fois salué par la critique et le public. Car si le film fait nécessairement des coupes colossales dans le déroulé du livre, il ne rend que plus digeste l’un des livres les plus décriés de la saga. En effet, dans l’Ordre du Phénix, JK Rowling dépeint tous les conflits entourant le retour de Voldemort. Le livre, bien plus qu’un récit d’apprentissage comme peuvent l’être les autres romans, est axé sur la dimension politique du retour de Voldemort et sur la naissance du fascisme autour de la peur. Si le discours de Rowling était un peu lourd à digérer dans un pavé de plus de 1000 pages, Steve Kloves et David Yates ont pris le parti de recentrer le récit autour du personnage de Harry, quitte à omettre certains points centraux de l’intrigue. Exit donc les scènes de Quidditch ou l’escapade à l’hôpital Sainte Mangouste, tous ces points d’intrigue ne sont qu’esquissés sous forme de références et dialogues.

Le film trouve finalement sa force dans ce remaniement scénaristique. Tout est bien plus digeste et le fait de se concentrer sur la quête intérieure de Harry permet de mieux comprendre les enjeux. Certains fans de la saga littéraire n’hésitent d’ailleurs pas à avouer qu’ils trouvent le film meilleur que le livre, sa force venant d’un récit plus concis, et donc plus limpide.

Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé : l’esthétique au prix de l’adaptation !

Coup de tonnerre sur la planète Harry Potter : suite au succès artistique et critique de Harry Potter et l’Ordre du Phénix, David Yates réalisera la suite et l’épilogue de la saga au cinéma. Il faut dire que de son côté, JK Rowling approuve tous les choix du réalisateur et qu’elle le considère tellement à même de retranscrire sa vision du monde des sorciers qu’elle continue de travailler avec lui sur la nouvelle saga des Animaux Fantastiques.

David Yates et donc le second réalisateur à revenir derrière la caméra après Chris Colombus, et une fois de plus cela fait des étincelles. Car une fois rompu à la machine de guerre qu’est la production des films Harry Potter, David Yates commence à se permettre des propositions artistiques extrêmement bienvenues, magnifiant l’univers de JK Rowling comme jamais depuis le film d’Alfonso Cuarón. Je vous conseille personnellement de décomposer chaque plan du film, vous trouverez des perfect shot à la pelle. La photographie est ici officiée par Bruno Delbonnel, un directeur de photographie français bien habitué du travail minutieux des films de Jean-Pierre Jeunet puisqu’il avait travaillé avec lui sur Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain et Un long dimanche de fiançailles, deux de ses plus beaux films.

Harry Potter et le Prince de Sang-Mélé

Seulement voilà, cette esthétique a un prix et c’est ici le scénario qui a dû payer le prix fort. Car oui, le scénario de ce sixième film est loin d’être le plus passionnant. Si le livre proposait une quête acharnée de Harry et Dumbledore à la recherche des secrets du passé de Voldemort, le film de David Yates est quant à lui bien plus axé sur les relations qu’entretiennent les personnages entre eux. L’intention est louable : faire comprendre au spectateur ce pour quoi se battent Harry et ses amis dans les Reliques de la Mort. Seulement voilà, à trop vouloir axer le film sur les relations (amoureuses) des personnages, le film a du mal à trouver son ton entre la légèreté des amourettes adolescentes de Harry, Ron et Hermione, et la gravité des évènements dépeints, notamment les derniers instants de Dumbledore.

Harry Potter et les Reliques de la Mort : un final en apothéose !

Vient enfin la conclusion de la saga au cinéma avec Harry Potter et les Reliques de la Mort, un film découpé en deux parties pour prolonger le plaisir des fans, respecter l’œuvre originale, et accessoirement engranger deux fois plus d’argent que tous les autres films sortis précédemment.

Si l’intention de découper le film en deux parties est assez louable du point de vue du respect du travail de JK Rowling, elle permet également de profiter d’une proposition rare dans le cinéma d’action et de fantasy : faire de la première partie de l’épilogue des films Harry Potter un road movie fantastique, dans tout ce qu’il peut avoir de lent et introspectif. Là où la seconde partie brille par ses scènes d’actions et de tensions à couper le souffle, la première rayonne par sa dramaturgie et l’écriture de ses personnages pleine de nuances. Hormis le couac entourant l’utilisation du miroir à double-sens, non introduit dans les précédents films, le film présente un déroulé parfait, très fidèle aux livres et proposant quelques scènes d‘anthologie, notamment la destruction du médaillon dans la forêt de Dean, le braquage de la banque Gringotts ou encore la déchirante révélation sur le destin de Rogue. Le film propose même une séquence animée dans la scène du conte des trois frères, magnifiquement réalisée et essentielle pour comprendre le rôle des Reliques de la Mort.

Harry Potter et les Reliques de la Mort

Avec plus de 1,3 milliard de dollars engrangés au box-office mondial, la seconde partie des Reliques de la Mort était alors le troisième plus gros succès de l’Histoire du cinéma, juste après Avatar et Titanic. Le succès public et donc incontestable, et la saga se termine donc en beauté après une aventure de plus de 10 ans.

Le succès des films Harry Potter est un miracle !

Si je fais cet article rétrospectif sur les films Harry Potter, c’est pour montrer à quel point le succès des artistiques des films Harry Potter tient du miracle. En effet, les films Harry Potter, s’ils ont gardé le même casting d’acteurs tout le long des huit films, ont changé de réalisateurs, de directeurs de la photographie, de costumiers, de monteurs et de compositeurs, parfois tout à la fois entre deux films, tout en gardant malgré tout une cohérence artistique. Ce miracle n’est l’œuvre que d’une personne : JK Rowling. De par son implication dans l’adaptation de son œuvre, Rowling a certainement mis un point d’honneur à veiller à ce que chacun respecte le travail de ses prédécesseurs, et surtout retranscrive une vision cohérente de son univers au cinéma. L’adaptation d’une œuvre aussi riche ne pouvait pas se faire sans le concours de l’autrice. Les rebondissements autour du destin de Rogue, la conclusion des relations entre les personnages, elle était la seule à connaître le dénouement des romans et des films Harry Potter et son implication était indispensable à la cohérence artistique de la saga au cinéma.

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