Films de monstre : quels sont les codes propres au genre ?
En tant que cinéphiles, nous avons tous déjà été confrontés au visionnage de films de monstre. Que ce soient des films horrifiques, des films catastrophes ou simplement parodique, les films de monstre existent depuis l’aube du 7e art ! Tentons ensemble d’analyser ce que sont les films de genre et quels sont les codes qui régissent ces films de genre bien particuliers ! Vous êtes prêts ? Je vous dis tout !
Qu’est-ce qu’un film de monstre ?
Le film de monstre est un genre cinématographique dont l’origine remonte à l’aube du cinématographe, à la fin du XIXe siècle. À l’époque, George Méliès réalise un film qui, encore aujourd’hui, est considéré comme le premier film d’horreur : Le Manoir du Diable. S’ensuivront des dizaines de films mettant en scène des créatures horrifiques et mystérieuses : Fantomas, Nosferatu, etc.
Les films de monstre mettent généralement en scène des créatures horrifiques, issues des mythologies ancestrales, ou plus atypiques encore, de l’imaginaire de l’auteur-réalisateur. Ces films de monstres s’inscrivent le plus souvent dans le genre horrifique, mais peuvent également s’inscrire dans des genres comiques, fantastiques, mais aussi romantiques ou catastrophiques. Si les films de monstre ne connaissent pas une très grande notoriété auprès du public, c’est grâce au Studio américain Universal, que le genre va prendre ses lettres de noblesse.
Le cas des films de monstres Universal !
C’est à l’aube des années 1930 que les studios Universal vont produire parmi les films les plus importants du cinéma d’horreur et des films de monstres, à savoir Dracula de Tod Browning, Frankenstein de James Whale et Docteur Jekkyll et Mr. Hyde de Rouben Mamoulian. Ces trois films s’inspirent de romans d’horreur à succès et mettent pour la première fois en scène des monstres de cinéma aujourd’hui considérés comme classiques. Face au succès de ses œuvres et à l’intérêt montré par les professionnels du cinéma, Universal va alors produire plusieurs autres films de monstre et capitaliser en réalisant diverses suites explorant des genres divers. Nous avons ainsi pu assister à l’arrivée de La Momie et de l’Homme Invisibre sur grand écran, mais aussi à celle de La Fiancée de Frankenstein ou encore du Fils de Dracula.
Ces films sortent pour la plupart entre les années 1930 et 1950, dans une Amérique sortant de la Grande Dépression. Certaines spécialistes s’accordent alors à dire que l’apparition de ces monstres sur grand écran aurait permis aux Américains de surmonter leur peur de l’avenir et à se battre pour faire de leur nation la plus puissante du XXe siècle. Une vision qui n’est pas pour déplaire à l’Oncle Sam…
Un genre cinématographique en quête de renouveau !
À la fin des années 1940, les films de monstres sont en perte de vitesse. Et il faut alors traverser l’océan Pacifique pour trouver une deuxième grande nation productrice de films de monstre : le Japon. Traumatisé par la fin de la Seconde Guerre mondiale et le largage des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki, le Japon fait sa catharsis au cinéma avec un film culte : Godzilla. Le film aborde alors des thématiques écologistes et antinucléaires, présentant alors Godzilla comme un monstre vengeur créé par la nature et réveillé par l’homme et son arme nucléaire.
Godzilla est un film référence du genre du Kaijū eiga. Suivront ensuite d’autres monstres japonais tels que Gamera, Mothra, Rodan ou encore Yonggary. Le film occidental se rapprochant le plus du Kaijû japonais est alors King Kong, sorti en 1933.
L’intellectualisation des films de monstre en occident !
Si les films de monstre ont connu leur heure de gloire dans les années 1930 en occident, ils sont alors très discrets dans les 40 années qui suivirent. Une nouvelle génération de cinéastes arrivant sur les plateaux, de nouveaux films et de nouveaux monstres voient le jour. C’est ainsi que nous découvrons La Mouche de David Cronenberg, Alien de Ridley Scott ou encore The Thing de John Carpenter. Chaque réalisateur poursuit ici une démarche d’auteur en proposant un second discours derrière des films de monstres divertissants. Cronenberg y explore l’une de ses thématiques fétiches : la dégénérescence des corps, Ridley Scott évoque l’idée selon laquelle le monstre n’est pas forcément celui que l’on croit et Carpenter se nourrit dans la paranoïa de nos sociétés pour créer un film de tension ou tout est un jeu de supposition pour savoir qui porte le monstre en lui.
La récupération des films de monstre en films catastrophes !
En réaction à cette auteurisation des films de monstre, Hollywood a commencé à produire de nouveaux films, cette fois-ci clairement inspirés du genre des Kaijû japonais. La fin des années 1990 et le début des années 2000 voient donc apparaître sur les écrans des films tels que La Momie, remake du film éponyme des années 1930, Rolland Emerich débarque avec sa vision film catastrophe de Godzilla en 1998, ce qui laisse la voie ouverte à Peter Jackson pour produire un remake de King Kong en 2005 et qui inspire également Matt Reeves pour produire son film catastrophe Cloverfield. Les monstres sont alors clairement identifiés comme des créatures de la nature, venus prendre leur vengeance sur les êtres humains pollueurs et irrespectueux. Une thématique que l’on retrouve également dans le cinéma coréen et l’excellent film de Bong Joon-Ho : The Host !
Vous l’aurez compris, les films de monstre ne se cantonnent pas à de simples films d’horreur. Si à l’aube du cinéma, ce constat avait lieu d’être, des les années 1930/1940, il était dépassé. Aujourd’hui les films de monstres s’illustrent principalement dans le genre catastrophe, Kaijû, et action-aventure. De mon côté, j’espère que les films de monstres reviendront très bientôt à des visions d’auteur, comme c’est le cas avec Guillermo Del Toro et son excellent film La Forme de l’eau !