Films de Martin Scorsese

Films de Martin Scorsese : cinéaste punk, moderne et iconoclaste !

On associe très souvent les films de Martin Scorsese au genre des films de gangsters. Ce raccourci n’est d’ailleurs pas innocent tant le réalisateur a participé à l’iconisation de la figure du gangster italo-américain au cinéma. Néanmoins, nous aurions tort de ne le réduire qu’à ce genre cinématographique. Aujourd’hui, je voulais revenir avec vous sur la filmographie de Martin Scorsese, ce cinéaste punk, auteur de près de 25 films, tous plus cultes les uns que les autres. De son enfance new-yorkaise en passant par ses gimmicks de réalisation et les grandes thématiques de son cinéma, découvrez ce qui fait la spécificité des films de Martin Scorsese !

Qui est Martin Scorsese ?

Martin Scorsese né en 1942 dans le quartier du Queens à New York. Très vite, ses parents déménagent à Little Italy, quartier mythique de l’île de Manhattan. À l’époque, la criminalité est à son paroxysme, et Scorsese grandi en observant les caïds et malfrats commettre des délits impunément. Si ces images restent profondément ancrées dans son imaginaire, le jeune Martin Scorsese couve une toute autre ambition : devenir prêtre. Il sera cependant renvoyé du séminaire à l’adolescence pour indiscipline. C’est à cette époque qu’il se fascine pour le cinéma et plus particulièrement pour la réalisation.

C’est dans les années 1960 que Scorsese va réaliser ses premiers courts-métrages, avant d’enchaîner avec son premier film : Who’s That Knocking at My Door. Dans ce premier long-métrage, le réalisateur insuffle tous les codes qui régiront les prochains films de Martin Scorsese, de la mise en scène réaliste du quotidien des petits malfrats italo-américains, jusqu’à l’omniprésence de la violence et du sexe.

Martin Scorsese

Scorsese et le Nouvel Hollywood !

Dans les années 1970, Martin Scorsese fait la connaissance de plusieurs autres cinéastes talentueux, Steven Spielberg, Francis Ford Coppola, Brian De Palma et George Lucas. À eux cinq, ils vont former les têtes de proue d’un nouveau mouvement artistique, celui du Nouvel Hollywood. C’est la fin des icônes telles qu’Alfred Hitchcock ou Orson Welles… Place à une nouvelle génération de cinéaste audacieux et provocateurs !

Cet élan du Nouvel Hollywood se traduit dans les films de Martin Scorsese par des audaces de réalisation inédites dans le cinéma américain. Le réalisateur n’hésite pas à faire appel à certains gimmicks de réalisation tels que :

  • La narration en voix off ;
  • L’utilisation de musiques rock ;
  • Le cadrage de scènes en mouvement ;
  • Et les arrêts sur image.
Nouvel Hollywood

Un formidable directeur d’acteur !

Les films de Martin Scorsese sont des œuvres mettant en scènes des personnages. Tous les scénarios du réalisateur font le portrait de personnages en marge de la société de par leur criminalité ou leur folie. Scorsese est d’ailleurs un réalisateur fidèle puisqu’il n’hésite pas à réengager ses acteurs sur plusieurs films.

Parmi les acteurs ayant le plus travaillé avec Martin Scorsese, on peut citer :

  • Robert De Niro, qu’il a révélé dans Mean Streets et avec qui il a travaillé sur Taxi Driver, New York New York, Raging Bull, La Valse des pantins, Les Affranchis, Les Nerfs à vif, Casino et The Irishman ;
  • Harvey Keitel, qu’il a révélé dans Who’s That Knocking at My Door et avec qui il a travaillé sur Mean Streets, Alice n’est plus ici, Taxi Driver, La Dernière Tentation du Christ et The Irishman ;
  • Mais aussi Leonardo DiCaprio, avec qui il a travaillé sur Gangs of New York, Aviator, Les Infiltrés, Shutter Island et Le Loup de Wall Street.
Leonardo DiCaprio Martin Scorsese

Les thèmes récurrents des films de Martin Scorsese !

Scorsese fait partie des réalisateurs dont la patte est reconnaissable à travers chacun de leurs films. Si la plupart des films de Martin Scorsese proposent le schéma classique ascension-chute-rédemption, trois thèmes parcours sa filmographie de part en part : il s’agit de la déviance, de la folie et de la foi.

Les films de Martin Scorsese : peintures de personnages déviants

Les personnages dépeints par Scorsese dans ses films vivent tous avec un sentiment de déviance sociale. Selon eux, la société dans laquelle nous vivons ne permet pas l’accomplissement personnel. C’est donc en réaction aux codes qui la régissent qu’ils choisissent des voies parallèles, et souvent criminelles. En cela, on peut dire que les films de Scorsese dépeignent tous des réalités parallèles, bien éloignées du quotidien des spectateurs lambda.

Dans Les Affranchis par exemple, Henry Hill déclare qu’il a « toujours voulu être un gangster » et que cette ambition l’a poussé à commettre des actes répréhensibles. Dans Les Infiltrés, Billy Costigan poursuit l’ambition de faire tomber la mafia irlandaise, celle-là même qui l’a élevé dans le monde de la criminalité. Enfin dans Shutter Island, Teddy Daniels est tout simplement persuadé d’être un Marshall enquêtant sur la disparition d’une patiente dans un hôpital psychiatrique, alors qu’il est lui-même dans le déni de sa propre folie. Il est intéressant à noter que cette déviance peut à la fois être instiguée par le personnage lui-même (Taxi Driver, Shutter Island, Le Loup de Wall Street), mais aussi par les personnages qu’il côtoie (Les Infiltrés, Silence, Les Affranchis).

Les Affranchis - Henry Hill personnage déviant

Le traitement de la folie dans les films de Martin Scorsese

Toujours dans ce traitement de la déviance, Scorsese n’hésite pas à mettre en scène la folie. Cela peut-être au sens littéral du terme avec, par exemple, le personnage de Teddy Daniels dans Shutter Island, celui de Travis Bickle dans Taxi Driver, ou encore Howard Hugues dans Aviator. Mais aussi à travers des scènes plus métaphoriques telles que les trips hallucinés de Jordan Belfort dans Le Loup de Wall Street, ou ceux de Henry Hill dans Les Affranchis.

Quoi qu’il en soit, les films de Martin Scorsese aiment mettre en scène des personnages ambigus, voire totalement fous, tels Tommy De Vito ou Johnny Boy, respectivement dans Les Affranchis et Mean Streets.

Taxi Driver - Folie de Robert De Niro

Les films de Scorsese remettent en question la foi biblique

Enfin, le réalisateur n’a jamais renié sa foi biblique et se plait même à la retranscrire à l’écran à travers ses histoires et ses personnages. C’est ainsi qu’en 1988, il a mis en scène le très controversé La Dernière Tentation du Christ contant les derniers jours de Jésus-Christ et sa possible romance avec Marie-Madeleine. En adaptant un roman faisant une interprétation très controversée des textes sacrés, Scorsese reprend ses airs de sale gosse, celui-là même qui fut viré du séminaire adolescent.

Harvey Keitel - Mean Stretts

Reste que Scorsese aime mettre en scène la foi dans ses films comme le montrent très bien Harvey Keitel dans Mean Streets ou le trio Neeson, Garfield, Driver dans Silence.

Au final, comment définir le cinéma de Martin Scorsese ? Je pense, pour ma part, que les films de Martin Scorsese n’appartiennent qu’à lui. C’est un réalisateur au style reconnaissable entre mille et chacune de ses œuvres porte sa marque. Tout comme ses contemporains du Nouvel Hollywood, Brian De Palma et Francis Ford Coppola, il a su réinventer le genre des films de gangsters tout en l’imprégnant de sa vision et de ses thématiques. Remarquable esthète et directeur d’acteur, chacun de ses films permet aux spectateurs de vivre une fresque passionnante servie par des acteurs au summum de leur dramaturgie.

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